Publié par : odargouge | 30 août 2012

Concerto sur la fabrique de la recherche et la transgression des normes

Concerto sur la fabrique de la recherche et la transgression des normes

Michelle Bergadaà, professeur de marketing et communication, université de Genève, présidente de la Fondation pour une Education Responsable et Equitable à Genève
Thomas Lemberger, directeur adjoint des publications scientifiques de l’European molecular biology organization, rédacteur en chef de Molecular system biology

La première intervenante, Michelle Bergadaà part du constat d’une crise du savoir qui se dessine (facteurs nombreux : mondialisation, internet…) pour rendre compte de ses réflexions sur la fraude en matière de publication scientifique. Grâce à une méthodologie spécifique, elle définit différents profils de plagieurs (le manipulateur, le bricoleur, le tricheur, le fraudeur) et surtout une nécessité de réaffirmer les normes et valeurs de création et diffusion des connaissances. Une des solutions envisagées est également l’éducation à la responsabilité des chercheurs.
La parole est ensuite à l’éditeur, Thomas Lemberger, qui s’intéresse quant à lui au rôle de la publication scientifique et aux questions éthiques qui se posent en la matière.
S’agissant de la publication scientifique, elle est liée au progrès, car elle a pour but de faire avancer la science, et les actes de publication permettent un échange de propos par lesquels les auteurs sont reconnus pour les résultats de leur recherche. On observe beaucoup de pression dans le domaine de la publication scientifique, principal canal pour la publication de recherches.
Thomas Lemberger met en avant la fonction jouée par le journal, notamment pour éviter la fraude. Il illustre son propos par le processus des comités de lecture qui permet de garantir la qualité des informations publiées (des lecteurs experts indépendants, discussion en particulier lorsqu’il y a désaccord des experts sur l’article, dialogue avec les auteurs pour obtenir des informations supplémentaires). Le processus est démocratique, notamment en ce qu’il est rendu transparent par une publication des rapports rendus par les experts.
Toutefois, le journal est limité dans sa marge de contrôle. En effet, l’éditeur peut difficilement contrôler l’acquisition des données, ou une tentative de manipulation des données. L’exception est peut-être en matière d’image, en particulier dans le domaine biomédical où la manipulation est plus aisément détectable. Il apparaît important que toute la responsabilité n’incombe pas à l’éditeur et soit partagée avec le ou les auteurs à l’origine d’une fraude.
Malgré ces difficultés, des solutions se dessinent, en particulier avec la traçabilité des données, par exemple en mettant en ligne les sources d’un auteur. Cela encourage la transparence et une rigueur des scientifiques. Il est nécessaire de tendre vers une bonne pratique de la gestion des données. Il faut trouver des outils permettant à l’éditeur un réel contrôle qualitatif des publications. Il faut de la part du monde scientifique un laboratoire ouvert à l’éditeur. Il faut reconnaître seulement les auteurs pertinents. Par exemple, on voit émerger la pratique d’une micro-attribution des auteurs. L’éditeur s’astreint à des règles mais, en résonnance avec l’intervention de Michèle Bergadaà, l’intervenant compte aussi sur une saine régulation de la communauté scientifique.

Question à …

Michelle Bergadaà
Vous postulez la nécessité d’une réaffirmation des normes et des valeurs de la communauté scientifique. Quelle forme cela pourrait prendre ?

Celle de discussions qui ont déjà commencé grâce au site internet http://responsable.unige.ch qui est un outil collaboratif ouvert à tous.


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